Mettre une poire dans une bouteille est une technique ancestrale pour réaliser des liqueurs ou des eaux-de-vie fruitées. Elle impressionne et questionne toujours ceux qui sont curieux de savoir comment ce gros fruit peut se retrouver en flottaison dans une bouteille.
La particularité de certains producteurs est l’embouteillage des liqueurs et spiritueux dans des bouteilles contenant une poire. Pour insérer le fruit à l’intérieur du flacon, le récipient en verre était fixé au-dessus des bourgeons du poirier en fin de floraison. Le fruit va donc pousser et mûrir jusqu’à la fin de l’été à l’intérieur de la bouteille.
De nos jours, ce processus exigeant a été modernisé par les industriels mais il est intéressant de découvrir les deux protocoles afin de bien comprendre comment ce phénomène est réellement possible.
La méthode artisanale
Originaire du canton du Valais en Suisse, la « Williamine » est une eau-de-vie qui s’est petit à petit répandue en France par le biais des vins produits en Alsace.
La méthode artisanale implique d’insérer le fruit juvénile encore ancré sur la branche du poirier Williams dans l’orifice d’une bouteille en verre. Il s’agit donc de la lier directement à l’arbre lorsque la pousse vient de surgir à l’extrémité de la branche, lui permettant de continuer à mûrir et grossir à l’intérieur du récipient.
Pour suivre cette tradition, il s’agit de sélectionner une bouteille avec un goulot court et relativement étroit pour pouvoir laisser passer le fruit et le prolongement de son rameau.
La carafe ou la bouteille sont ensuite fixées ouverture vers bas, de sorte que la pluie ne s’y introduise pas. Disposez enfin un petit filet protecteur (type gaz stérile ou tissu de coton fin) à l’entrée afin que les insectes ne puissent pas y pénétrer. La poire va alors grandir dans la bouteille durant plusieurs mois avant d’être coupée au ras de son pédoncule.
La dernière étape consiste à remplir la bouteille d’alcool et à la refermer hermétiquement à l’aide d’un bouchon. La décomposition du fruit frais dans l’alcool va permettre de fermenter la préparation et de la rendre particulièrement appréciable au bout de quelques mois voire années. Plus elle vieillit, mieux c’est.
Certains producteurs utilisent encore cette méthode ancestrale, qui nécessite cependant des contrôles continus, pour vérifier que la poire n’adhère pas à une paroi, ne pourrit pas ou n’est pas attaquée par des parasites.
La procédure industrielle
La technique artisanale présentée à l’instant comporte cependant des limites car seul un certain pourcentage de fruits pousse régulièrement, ne sont pas infectés d’insectes et mûrissent à point pour être macérés correctement par la suite.
Comme une production à grande échelle s’est vite imposée comme étant compliquée, les industries réalisant des alcools macérés ont rapidement résolu le problème. Plus besoin d’attendre plusieurs mois avant une carafe suspendu tête en bas dans les poiriers.
La plupart des firmes ont lancé des chaînes de production différentes permettant de réaliser l’alcool, les bouteilles et les poires séparément avant les réunir sur trois étapes simplifiées :
- Enfiler la poire par le bas de la bouteille
- Sceller le contenant par le socle
- Verser l’alcool préalablement macéré.
Cette alternative consiste donc à couper le fond de la bouteille, à insérer le fruit mûr et à recoller la partie coupée. Grâce à un système de tri, les industries ont pu insérer des fruits sains et de qualité dans les bouteilles, en évitant tous les inconvénients de la méthode traditionnelle. Chaque poire est insérée lorsqu’elle est déjà mûre et grosse.
Cela fait plusieurs décennies maintenant que cette technique novatrice a été mise en place pour réduire les délais d’attente et de confection des liqueurs industrialisées et commercialisées dans différentes parties de l’hexagone.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé à consommer avec modération.