L’ancien monastère bénédictin du Mont Sainte-Odile se trouve sur une superbe promontoire rocheux à 767 mètres d’altitude en Alsace. Pendant des siècles, il a été un lieu de nombreux pèlerinages pour les catholiques, non seulement de France, mais aussi du monde entier.
Devenu un véritable sanctuaire, les lieux sont encore entourés de nombreux mystères et légendes dont nous allons relater les faits dans notre article aujourd’hui. Son histoire marquée par de nombreux mythes non résolus a disparu depuis la découverte de 1 000 manuscrits anciens… Mais des soupçons planent encore sur cette vallée qui regorge encore de nombreux mystères.
Sommaire
Une riche archive préchrétienne
Situé à Ottrott dans le département du Bas-Rhin, ce mont Vosgien fût résulte d’une histoire datant de la préhistoire. Sur ce territoire montagneux des traces de peuplement humain historique ont été retrouvées. On sait que vers le VIIème siècle avant JC, il y avait une colonie celtique résistante, dont il reste aujourd’hui les ruines des murs.
Jusqu’en 407 une forteresse Romaine a été érigée sur ces lieux. C’est à partir de cette date que des vandales Germaniques ont mis fin à l’ouvrage avant que l’Alsace soit gouvernée par les Alamans jusqu’à leur défaite à la bataille de Tolbiac en 496.
À la suite de l’affrontement, les Alamans sont considérablement affaiblis et les Francs renforcent leur position sur le Rhin. Ce n’est que sous Clovis Ier, que les résidents Alsaciens se convertissent au Christianisme.
Histoire du monastère et la légende de Sainte Odile
Odile, qui est la Sainte patronne du monastère, était la fille d’Adalric (ou Etichon), Duc d’Alsace sous Dagobert II. Née chétive et aveugle vers 662 à Obernai, l’homme ne peut cacher sa déception en observant son enfant qu’il espérait beau et robuste.
Pour rompre sa malédiction, Adalric décide de mettre fin aux jours de la petite fille. Mais Béreswinde sa femme réussit à l’en dissuader. La mère décide de sauver sa fille et de l’emmener dans l’une des familles paysannes de Bourgogne auprès des Sœurs de Palm.
Quand la fillette grandit, elle est baptisée par l’évêque Ehrhard de Ratisbonne à l’âge de 12 ans. Elle reçoit le nom d’Odile, qui signifie « fille de la lumière ».
Selon la légende, elle s’est embellie lors de son baptême et a retrouvé la vue. La nouvelle du miracle se répandit dans toute la région.
Pour fêter cela, la fille d’Adalric décide de retourner dans sa maison familiale avec l’aide de l’un de ses frères cadets, Hugues. Il amena sa sœur au château de Hohenbourg près d’Obernai, à l’insu de son père qui, dans une rage folle, tua son fils par accident. Face à cet événement tragique, un mythe veut que la jeune fille ait ressuscité son frère en tentant cette nouvelle approche.
En compensation de ses fautes, Aldaric tente de s’occuper du sort de sa fille en la mariant de force. Refusant catégoriquement ses avances pour l’amour de Dieu, Odile s’enfuit en direction de la Forêt-Noire, se cachant dans l’une des grottes. Le père furieux la suivit mais il finit par glisser sur une falaise abrupte, écrasé par des rochers.
Face à son caractère empathique, Odile ne peut le laisser mourir et vole à son secours jusqu’à ce qu’il se rétablisse.En contrepartie, l’homme l’accueille à nouveau à Hohenbourg. Pressé par Saint Léger, évêque d’Autun, il fait alors don du château de Hohenbourg à sa fille.
Cette dernière y crée le premier monastère du Mont Sainte-Odile. Rapidement rejointe par de nombreuses filles souhaitant une vie de prière et de charité, elle ouvre très rapidement un second monastère à Niedermunster, au pied du Mont Sainte-Odile.
Emblème actuel du sanctuaire Alsacien
Un récit note qu’Odile obtient la délivrance de ses tourments infernaux qu’à la mort de son père.
Durant des décennies, la jeune femme aspire à une vie modeste et pieuse menée au monastère. Elle y accueille pauvres et infirmes pour lever leur malédiction, jusqu’au jour où un mendiant aveugle et assoiffé forge la roche. Il en sort une eau bienfaisante qui, depuis, ne cesse de couler.
Odile mourut le 13 décembre 720. Elle s’est endormie dans la paix du Christ et fut élevée sur les autels au XIe siècle par le pape Léon IX. C’est ainsi que le culte de Sainte Odile se répandit en Alsace, puis aussi en Suisse, dans le sud de l’Allemagne et dans d’autres régions. En 1946, Pie XII la proclame patronne de toute l’Alsace.
Aujourd’hui, elle est considérée comme une défenseure des maladies des yeux, des oreilles et des maux de tête.
Son corps a été déposé dans un sarcophage encore visible aujourd’hui dans la chapelle du Tombeau. Le bâtiment monasterial a été construit et reconstruit plusieurs fois dont une immense rénovation eut lieu en 1542 à cause des incendies répétés sur le domaine.
De nos jours, le Mont Saint Odile est ouvert au public. À côté de lui face à l’immensité des vallons Alsaciens, un hôtel et des restaurants accueillent désormais les pèlerins et les touristes du monde entier.
Le mystérieux vol de manuscrits anciens
Les légendes et les mystères qui planent sur ce rocher Alsacien n’ont finalement pas été pleinement enfouis après le décès du Duc de Dagobert II et d’Odile sa fille puisqu’à partir d’Août 2000, des livres ont commencé à disparaître de la bibliothèque du monastère.
Les soupçons se portent sur les moines et nonnes de l’abbaye, notamment le père Alain Donius, qui en est le bibliothécaire en chef. Les serrures des portes étaient changées fréquemment, les fenêtres étaient fermées, les gardiens montaient la garde, et pourtant les livres étaient toujours perdus. Il n’y avait aucun signe d’effraction, et le père Donius craignait que la bibliothèque ne soit un jour vide. Il a fallu deux ans pour résoudre le mystère du vol.
La police a supposé qu’il y avait une autre entrée cachée à la bibliothèque. Après de nombreuses investigations en vain ; ce n’est que lorsqu’un des gendarmes locaux s’est accidentellement appuyé contre l’une des étagères que soudain un passage secret s’est ouvert. Il contenait une chambre secrète. Ni les moines, ni le personnel n’avaient idée de ce passage, car le bâtiment avait été reconstruit à plusieurs reprises.
Pour tenter de résoudre le mystère, il a été décidé d’installer des caméras pour prendre le voleur en flagrant délit. Le 19 mai 2002, Stanislas Gosse, 32 ans, collectionneur de livres à Strasbourg, est cerné. Il a été surpris en train de sortir deux valises contenant plus de 300 livres. Passionné de l’histoire de l’abbaye, il révélera avoir trouvé une vieille carte montrant une entrée secrète de la bibliothèque lors d’une des ces visites.
Condamné à une forte amende et de la prison avec sursis, Gosse avoue avoir lu les manuscrits durant des heures à la bougie dans la pièce secrète levant le voile sur l’histoire réel et le passé de ce lieu emblématique. Les moines, y compris le père Donius et les habitants locaux, lui ont pardonné, et depuis le passage secret et les couloirs de cette partie du monastère du Mont Saint-Odile ont été murés.
Visiter le Mont-Sainte-Odile aujourd’hui
Situé près de la ville d’Obernai, à environ 42 kilomètres au sud-ouest de Strasbourg, ce Mont Sacré impressionne par son histoire et sa splendeur.
De nos jours, c’est devenu un véritable lieu de pèlerinage et une destination touristique incontournable d’Alsace. On compte environ un million de visiteurs chaque année. Pèlerins et touristes s’y rendent à pied (itinéraires pédestres) ou en voiture. Les voies piétonnes et les parkings sont bien balisés et bien sécurisés pour permettre à des foules d’habitués de venir s’imprégner des lieux. Pour ceux qui veulent vivre au rythme du rocher, il y a directement un hôtel et un restaurant qui vous attendent sur place.
Vous pouvez également vous y rendre par les services de bus régionaux, par exemple la ligne 257 depuis Strasbourg, via Obernai jusqu’au Mont Sainte-Odile puis jusqu’au Champ du Feu. Le parking des visiteurs est un peu plus bas sur la colline. En revanche, celui devant l’entrée est destiné aux clients de l’hôtel et aux pensionnaires du couvent.
Au-dessus de l’entrée principale, il y a une petite statue de Sainte Odile, et l’inscription latine explique immédiatement le rôle qu’elle a eu et qui perdure encore aujourd’hui. On peut lire :
« Sainte Odile a prospéré ici autrefois, et règne à jamais comme la Mère de l’Alsace ».
En pénétrant dans le monastère de Sainte-Odile, vous croiserez immédiatement une énorme pierre en bas-relief commémorant la visite de saint Jean-Paul II, qui eut lieu le 11 octobre 1988. Cette plaque en dit long sur l’atmosphère sacrée qui règne ici.
Mais, le Mont Sainte-Odile n’est pas seulement un lieu de pèlerinage et de prière. Il accueille également des concerts de musique en plein air, des expositions de peinture et de photographie, mais aussi des séminaires et des conférences exposant le rôle social et l’histoire de l’Église via la légende du Mont Sainte Odile.